Au défi de lire·Book Notes

Challenges 2016 – Bilan

Cette année, je me suis intéressée à plusieurs challenges, bien moins que les années précédentes et ça me convient plutôt bien : un demi-ABC (j’aime tellement cette formule), le défi SFFF et Diversité (pour lequel il faudrait vraiment que je me dépêche d’envoyer mes liens et j’ai adoré la liste de base même si pas le temps de tout lire) et Femmes de Lettres (je vais regretter son arrêt puisque j’ai surtout passé du temps à faire des recherches, temps que j’ai vraiment apprécié aussi).

Après de l’Histoire et de la science-fiction en 2015, je me suis orientée vers un nouveau challenge ABC, demi une fois encore (13 lettres au lieu de 26) sur le fantastique cette fois avec une option vampire. J’ai terminé une fois encore sur le fil, juste avant Noël.

Malheureusement je retiens pas mal de déceptions, plus je pense que de belles lectures. The Historian reste abandonné une fois encore ; la danseuse de flamenco vampire ne m’a pas séduite ; Crossfire n’était pas à la hauteur de mes attentes ; Anno Dracula trop touffu ; Skal est parti dans tous les sens dans son mix de fiction et documentaire et La lignée n’avait qu’une touche de fantastique.

Deux surprises : Les soupirs de Londres et Le livre perdu des sortilèges. Le premier ne me tentait pas trop parce que je n’avais pas aimé d’autres livres de l’autrice ; le second est tout bonnement superbe ❤

En SFFF, j’ai aimé les découvertes que j’ai faites, et les recherches qui y ont mené. J’aimerais bien qu’il soit illimité. Cette question de la diversité m’interpelle de plus en plus et je pense que j’orienterai mes lectures dans cette direction à l’avenir.

Ça, et des origines variées comme avec Fille de l’eau d’Emmi Itaranta, un récit finlandais plein de charme. Les Outrepasseurs s’est révélé une merveille que je n’ai pas pu lâcher au cours de mon premier Week-end à mille. Et Axiomatique m’a complètement emportée, moi qui pensais que la hard SF ne me passionnerait pas du tout.

Les déceptions, malheureusement, ont aussi été au rendez-vous. Chromoville m’a larguée dès le début. J’en attendais beaucoup, je suppose.

En matière de Femmes de Lettres, peu de découvertes pour l’instant à part Benoîte Groult et beaucoup d’idées, tant classiques que contemporaines. Encore une autre orientation que je souhaite adopter dans mes lectures futures, et peut-être même un tag sur le blog pour signaler qu’il s’agit d’une autrice. A voir.

En ce qui concerne les challenges perpétuels : j’y pense peu, malheureusement.

Agatha Christie, Au coeur de la Rome antique, Fant’classique, Histoire et The Thursday Next Challenge : complètement oubliés même si je risque d’y revenir. Pour Thursday, je crois que je suis un peu déprimée par le manque de suite pour les autres séries de l’auteur même si je n’ai pas fini celle-ci, je n’ai pas envie d’arriver au dernier tome paru et plus rien 😦

Austenien : j’attends de trouver des éditions qui me conviennent. Et j’ai vu quelques adaptations cinéma et série que j’ai beaucoup appréciées et dont j’aimerais vous parler.

Livres à Relire : un challenge qui n’est absolument pas une priorité, juste pour vous indiquer une relecture.

Et vous ? Vous participiez à beaucoup de challenges en 2016 ?

Book Notes

L’Opéra macabre

On a beau être vampire, on n’en est pas moins femme …

Des maisons closes d’Alger aux dédales de Bombay, des ruelles sombres de Séville aux bûchers funéraires de Bénarès, les créatures de la nuit ne cessent d’envoûter les humains qui croisent leur route. Mais aujourd’hui comme hier, Carmilla, la sublime danseuse de flamenco vampire, ou Mâra, la Déesse écarlate, qui fut l’amante du Prince des Démons avant de devenir la favorite de nombreux maharadjahs, restent femmes jusqu’au bout des ongles : leurs passions et leurs vengeances sont implacables, surtout lorsqu’elles se piquent d’aimer des tueurs de vampires ou d’exterminer les buveurs de sang assez fous pour les combattre.

Entre l’or rouge et la magie noire, la crasse des théâtres et les sortilèges des palais indiens, la guerre du sang s’annonce plus funeste que jamais.

J’avoue que la première phrase du résumé me laisse un peu pantoise, je ne vois pas trop comment elle s’applique. Bref.

L’Opéra macabre regroupe Rouge Flamenco et La Déesse écarlate. Je m’attendais à ce qu’ils aient une certaine continuité, ce n’est pas le cas. Mâra est un personnage croisé dans la première partie dont on détaille un peu plus les origines dans la seconde mais après un grand nombre de pages qui m’ont bien perdue.

Rouge Flamenco met en valeur Carmilla, une danseuse de flamenco vampire qui raconte son histoire à Johannès et se trouve pourchassée par celui qui l’a transformée. Je n’ai déjà pas compris pourquoi il a fait ça, cet abruti, il ne l’appréciait pas et l’a abandonnée dès le début (ce qui ne se fait pas dans cet univers).

La Déesse écarlate plonge dans la magie noire et le folklore hindou et indien avec une histoire de secte, de vampires, et une origine qui remonte à la mythologie de cette partie du monde.

Les deux parties ont en commun l’ennui qu’elles ont éveillé en moi, malheureusement. Je n’ai apprécié aucun personnage. L’écriture a un côté nerveux, qui ne se pose jamais, un peu froid, je ne m’y suis pas faite.

J’ai apprécié un élément des vampires, qui ne m’ont pas spécialement marquée par leur originalité : le signe noir. Ne sont transformés que des humains qui se distinguent par leurs penchants sombres et leur état désespéré sinon ils ne supportent pas leur métamorphose et deviennent fous.

De l’épopée hindou je ne retiens que l’aspect des vies antérieures et des amoureux qui se réincarnent – et encore, Jonathan avait douze ans lors de cette première vie, ce qui rend les choses chouïa glauque. Je ne m’attendais pas du tout à ce contexte et j’ai eu cette impression de trop de choses, tant de personnages, toujours présentés avec cette écriture froide au présent qui m’a totalement laissée hors du récit.

Je me suis forcée à poursuivre ma lecture parce que j’avoue qu’au bout de cinquante pages je me doutais bien que ça ne passerait pas. J’en aurais été déçue si j’avais eu des attentes particulières (peut-être que cette fameuse phrase d’accroche m’a déjà laissée en retrait sur cette vision de la « femme » puisque ça passe par le sexe et son exploitation qui sont des thèmes qui ne m’intéressent pas).

Une récit vampirique qui se veut fresque épique mais décousu et qui m’a pesée et ennuyée.

Book Notes

Vampires

Vampires, c’est l’alliance des Grands Anciens et des écrivains les plus modernes, de Guy de Maupassant à Sire Cédric et Denis Labbé, de Frédéric Mistral à Jean Marigny et Charlotte Bousquet. Vampires, c’est aussi le mythe le plus célèbre, redessiné dans ses facettes les plus originales, de la créature de chair à la créature de sang, du cristal au psychisme, de l’amour à la peur.

J’ai entamé cette lecture un peu à reculons. J’avais encore en tête d’autres recueils qui n’étaient pas franchement bien passés même pour les nouvelles plus anciennes et donc déjà connues. Au final, la découverte est appréciée même si avec toutes les anthologies que j’ai lues cette année j’ai un peu l’impression de tourner en rond, notamment pour des classiques comme Varney le Vampire qui n’est pas mon préféré.

Mais Jean Marigny préface celle-ci et une de ses nouvelles trône à la table des matières alors je ne râle pas trop. Celle-ci est une surprise. J’ai lu peu de textes qui assemblent le thème des vampires et de la Seconde Guerre mondiale et la surprise est agréable.

Chaque nouvelle au final propose des éléments sur cette créature fantastique qui m’ont interpellée et que j’ai trouvés intéressants – ce que j’attends en premier d’un recueil. Le fait que j’apprécie ou pas les intrigues passe un peu au second plan même si l’une d’entre elle s’est définitivement distinguée : celle de Sire Cédric, Morte. J’ai adoré son côté mystérieux où le narrateur, gardien de nuit, relate différents évènements sans faire intervenir directement la créature du titre.

J’avoue que j’ai été un peu déçue du thème des bijoux vampiriques qui pompent l’énergie/la vie des personnages, il y a bien trois nouvelles qui l’illustrent, c’est trop pour moi. J’aurais tendance à proposer une anthologie qui se focalise là-dessus dans ce cas, d’autant qu’aucune d’entre elle ne m’a particulièrement marquée.

Le texte de Lucie Chenu m’a au contraire fortement interpellée. Dans Le Sang du temps, Elisabeth d’Autriche, Sissi, est un vampire. Je lirais volontiers tout un roman sur cet univers. L’expression « un éclat de miroir maléfique » m’a beaucoup parlé (il a un côté La Reine des Neiges – et je parle du conte originale, pas de la bluette Disneyienne).

Au final, un recueil plutôt intéressant, même si j’ai vraiment apprécié peu de nouvelles.

Book Notes

Dans les veines

La canicule enflamme les nuits bordelaises. Une bande de camés dévaste un supermarché. Et tandis que l’on repêche des cadavres exsangues dans la Garonne, des filles perdues poussent leur dernier soupir sur le son du Bathory, nouveau repaire de la faune nocturne. Chargé d’enquêter sur ces événements, le lieutenant Baron suit la trace de tueurs dégénérés avides de sexe, de drogue et de rock’n’roll, bien décidés à saigner la cité girondine.

Vampires. Le mot, absurde, échauffe les esprits, sans que personne n’ose encore le prononcer. Et alors que l’investigation piétine, Lily, la propre fille de Baron, s’entiche de l’inquiétant Damian, pensant trouver dans cette passion toxique un remède à son mal-être.

J’ai découvert l’écriture de Morgane Caussarieu avec son essai Vampires et bayous qui m’avait vraiment plu par sa recherche et son écriture très fluide. Très peu portée horreur, j’ai quand même acheté son roman et j’en ai longtemps repoussé la lecture. (Oui parce que je lis avant de dormir, et merci Sire Cédric j’ai déjà eu des terreurs nocturnes ><). ABC vampires, cette année, je me lance.

Aucun regret. L’écriture est fluide, passionnante, (oserais-je le dire? :P) fascinante. J’ai eu beaucoup de mal à détacher mes yeux des mots choisis parce qu’ils le sont à la perfection. Il y a presque une poésie dans le glauque, dans la gradation de l’horreur, de la violence. Je n’ai pas réussi à adorer, comme les termes trop crus restent loin de ma sphère et il y a un côté un peu sexiste que je ne peux ignorer.

Les personnages, c’est le cas de le dire, sont hauts en couleur. J’y ai cru, j’ai adoré les suivre, même dans cette succession d’horreurs. Caussarieu construit ses vampires à la punk, dans le stupre et la fange et ça fonctionne. Damian, JC, Seiko … et proposer de les suivre dans leurs débuts vampiriques est la touche que j’ai adorée, puisqu’on exploite différents lieux, différentes époques. J’avoue que le Londres punk des 80s est une destination qui me tenterait bien (et vu la fin ouverte, je continuerais bien à suivre JC).

Ironiquement, c’est le personnage de Barron que j’ai détesté. Représentant de l’autorité, d’une certaine forme de justice, qui tombe totalement à plat lorsqu’il est question de sa fille et qu’il devient le monstre. Superbe retournement.

Attention, par contre, vraiment, âmes sensibles, je ne vous recommande pas ces vampires. Pour les autres, savourez : effectivement, ils ne brillent pas au soleil et c’est un régal.

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Book Notes

The Historian

Dans la bibliothèque de son père, une jeune fille découvre par hasard un étrange ouvrage : une couverture ancienne de cuir fané, un livre vierge de toute écriture à l’exception d’une unique image centrale sur laquelle un dragon aux ailes déployées protège entre ses griffes un unique mot, DRAKULA. Le livre s’accompagne de quelques lettres qui commencent par ces mots : « Cher et infortuné successeur … ».

Lors de mon premier ABC, il y a bien trois ans de ça, j’avais sélectionné ce livre que j’avais déniché en Irlande (comme le Skal). Je ne sais pas pourquoi, alors que le thème me parlait vraiment bien, il m’est littéralement tombé des mains au bout d’une page. Bon. Je n’ai donc pas achevé mon challenge cette année-là mais j’avais bien l’intention de le reprendre.

Arrive donc 2016 et mon challenge spécial vampires. L’occasion donc de découvrir cette historienne et cette version de Dracula – d’autant que le livre, s’il fait un peu pavé, a une couverture très jolie, dans ces tons de rouge sombre, noir, les gouttes de sang en surbrillance. La police interne est agréable, aérée. Il vaut mieux, parce que le temps paraît très long.

J’ai abandonné cette lecture, elle m’est tombée des mains au bout d’un peu plus longtemps que la première fois. Autant l’écriture peut être vraiment belle dans sa description des voyages, de l’école, autant elle m’a également perdue. L’auteur mélange trois temporalités : celle de l’héroïne sans nom, l’historienne, qui parle de son adolescence ; celle de son père, qui raconte ses souvenirs d’étudiant, toujours relatifs à d’étranges événements ; enfin, celle du professeur de son père, M. Rossi, qui livre sa version de l’étrange. Si cette dernière est plutôt claire (présentée sous forme de lettre et en italique), j’ai souvent confondu le narrateur, entre le père et la fille. Il n’y a pas de différence visuelle, en anglais les pronoms ou les termes féminins sont plus rares et il n’y a pas de précision de date ou de point de vue en début de chapitre ou de partie. J’ai eu du mal à comprendre de qui il s’agissait, et situer les différents extraits.

Si l’écriture est belle, elle fait aussi parfois contemplative, un peu longuette, rejoignant un autre problème : le manque d’action. Et de vampires T_T J’ai passé la page 150, je ne suis pas convaincue d’en avoir croisé. Et c’est dommage. On voyage. On raconte des souvenirs. On vole un cahier, attention. Et on voyage, et on discute. Que de longueurs malgré une belle écriture qui ne meuble pas.

Le cadre avait tout pour séduire pourtant, avec la période historique (années trente, cinquante, je dirais), l’Angleterre, l’Europe, le père enseignant, la jeune fille perdue dans ses études à laquelle je pouvais m’identifier sans peine. La rencontre, pour l’instant, est manquée, mais je n’abandonne pas, je le reprends dans trois ans ^^,

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Book Notes

Vampires: Encounters with the Undead

According to legend, vampires live forever – and our fascination with them seems equally enduring. In this towering collection, featuring two centuries of spine-tingling literature, lore, ephemera, and history, noted vampire authority David J. Skal takes us on an unprecedented tour through this most captivating of subjects. From classics of the world’s literature to pulp magazine serials to actual historical accounts, Skal has packed this volume with great, bloodcurdling writing.

Le début m’a rendue très enthousiaste avec son aspect folklorique, les commentaires de l’auteur dans la marge, dans une autre police d’écriture. L’auteur a un style intéressant dans ces notes et elles m’ont plu. Au début.

Et il s’est avéré que ces marges proposaient aussi un récit de fiction. C’est déjà compliqué, surtout avec un pavé pareil, de lire des récits anglais souvent anciens mais quand juste en parallèle, dans une autre police, vous avez une autre histoire de fiction qui se déroule, ou carrément un extrait de documentaire, c’est à vous larguer en quelques minutes.

Ajoutez à ça que sur plusieurs récits du début je me suis demandée où étaient les vampires. Certains, je venais de les lire ou les relire, d’autres ne m’ont pas du tout intéressée. Et c’était long et confus. Sans parler du fait que certains récits sont français et les lire en anglais est plus que bizarre.

Au final, j’ai arrêté les frais et abandonné cette lecture. Je ne l’ai pas refermée d’un coup mais j’ai tourné les pages pour admirer les marges de notes de l’auteur. Parce qu’en plus des infos biographiques et documentaires, il y met des images, parfois : couvertures de livres, affiches de films, etc. C’est beau. Mais c’est lourd.

Dommage. Je pense que j’aurais plus apprécié un choix clair de l’auteur : anthologie ou documentaire. Je me serais orientée vers le second mais le mélange actuel offre un résultat laborieux et confus malgré une écriture intéressante de Skal.

Book Notes

Anno Dracula, tome 1

Londres, 1888. La reine Victoria s’est remariée avec le comte Dracula qui entend répandre le vampirisme dans tout le royaume. Chaque soir, au crépuscule, les non-morts poursuivent les sang-chauds pour leur donner  » le baiser des Ténèbres  » et boire le sang qui leur assure l’immortalité. La terreur règne, toute révolte est impitoyablement réprimée, mais un mystérieux tueur au scalpel d’argent, en s’attaquant aux prostituées vampires, menace la stabilité du nouveau régime. 

Vous savez que je suis en mode vampires avec le challenge ABC. A cette occasion, j’ai ressorti des livres qui pour certains dormaient depuis des années dans ma PAL. Celui-ci est un peu plus récent. Je l’avais découvert il y a quelques années, avec la belle couverture J’ai Lu violette et noire et je me suis lancée en rencontrant l’auteur aux Imaginales. J’ai d’ailleurs un dessin très choupi de Dracula (rien à voir avec le contenu bien plus sombre du livre).

Je dois admettre que ce petit dessin charmant est un des rares éléments que j’aime vraiment bien ici. Si la lecture est plutôt dynamique, que je n’ai pas mis longtemps à le lire (sans le déménagement le temps aurait encore été réduit) et que je lui reconnais très volontiers plusieurs points positifs, je dois dire qu’il ne m’a pas plu.

Ce livre peut être vu comme une variante de l’oeuvre de Stoker puisqu’il en reprend directement certains personnages comme Jack Seward, ce qui m’a étonnée. Il en propose une fin alternative (spoiler, juste un peu) où Dracula a « gagné », rencontré la reine, est devenu son consort et a entrepris de façonner l’Angleterre à son image. Je pensais que ça lui avait bien pris plus de dix ans, pour bien établir les choses et j’ai été déjà un peu dubitative en voyant que non, juste trois ans avaient été nécessaires pour cette révolution. Je n’y ai pas trop cru. Mais ce contexte est intéressant et bien posé. Avec des bémols.

Dans les éléments résolument positifs, je suis séduite par l’expression « passer aux ténèbres ». Elle est magnifique, expressive et résume très bien cette métamorphose dont j’ai aimé suivre de près une illustration, dans sa douleur et ses conséquences. Geneviève, la protagoniste vampire, est passionnante. Elle vit depuis bien longtemps, presque plus que Dracula, a traversé bien des événements historiques, et se distingue par sa compassion, tant à destination des humains que des vampires nouvellement passés aux ténèbres (<3) qui bien souvent ne survivent pas et sont transformés par jeu (comme cette fillette de dix ans qui tente de se métamorphoser en chauve-souris, y brise ses os et souffre atrocement), souvent déconsidérés par leur statut (pauvres, prostituées, ou même cette jeune femme de bonne famille qu’elle sauve d’un médecin largement incompétent). Elle est géniale à suivre dans ce récit.

En revanche, il y a définitivement des éléments qui m’ont déplu ici. J’ai eu ce sentiment de trop. Trop de personnages, trop de références (les deux étant bien souvent liés, entre des noms que j’ai reconnus de récits vampiriques ou anglo-saxons – d’où une lecture en fac d’anglais qui aurait été plus profitable, je suppose), trop de monstres avec Jack l’Eventreur (je sais pas, je pensais que les vampires et Dracula suffiraient à nourrir leur peuple ; je suis vieux jeu et j’aime trop cette créature, je suppose), trop rapide, trop agacée par les ajouts en fin d’ouvrage.

Oui, parce que comme il s’agit d’une réédition, on a droit à toute une série d’ajouts. De changement de fin, carrément. Alors, je comprends. Je comprends qu’on puisse avoir des interrogations sur la manière de clore son récit lorsqu’on en est l’auteur (même moi qui vous parle … une autre histoire pour un autre temps) et que cela puisse passionner un lecteur assidu qui a découvert ce roman auparavant, je pense. Pour moi qui venais de me lancer, déjà échaudée par des longueurs et les soucis dont je vous ai parlé, ça n’est pas du tout passé.

Au final, je reste très mitigée. Je ne nie pas le talent de l’auteur pour la création de l’intrigue, les personnages, les inspirations, les références – j’ai limite plus envie de lire un essai sur ce roman – son écriture mais ce n’est définitivement pas pour moi. Je reste tout de même contente d’y avoir jeté un oeil.

Nombre de tomes parus : 3 (série en cours).

Book Notes

Le livre perdu des sortilèges, tome 1

Diana Bishop est la dernière d’une longue lignée de sorcières mais elle a renoncé depuis longtemps à son héritage familial pour privilégier ses recherches universitaires, une vie simple et ordinaire. Jusqu’au jour où elle emprunte un manuscrit alchimique : L’Ashmole 782. Elle ignore alors qu’elle vient de réveiller un ancien et terrible secret, et que tous – démons, sorcières et vampires – le convoitent ardemment. Parmi eux, Matthew Clairmont, un vampire aussi redoutable qu’énigmatique. Un tueur, lui a-t-on dit. Diana se retrouve très vite au coeur de la tourmente, entre un manuscrit maudit et un amour impossible.

J’ai été soufflée.

Déjà, j’avais complètement zappé qu’il y avait un vampire. (Oui, au bout d’un moment, je ne relis plus les résumés, et j’ai l’air bien cruche quand je lis un titre, puis que je le chronique). Et il est vraiment extra.

Le début m’a passionnée. Le contexte est plus prenant que je ne le pensais : l’héroïne, Diana, est intense, passionnée par son travail de recherches, surtout dans un domaine scientifique (histoire des sciences), je ne m’y attendais pas.

L’écriture est fluide, recherchée et m’a séduite au bout de quelques pages. Et puis c’est Oxford. La bibliothèque. Et il y a un vampire. Il faudrait être très exigeant pour ne pas savourer.

J’ai trouvé qu’il y avait un côté profondément moderne dans les technologies employées et délicieusement suranné, presque vintage dans les thèmes (la sorcellerie, la famille de Diana, surtout la maison que j’ai adorée), l’écriture, la manière d’aborder les personnages.

L’ouvrage pourrait se diviser en trois parties. Oxford, Lyon et Madison. D’une part, je ne m’attendais absolument pas à ce qu’il soit si « consistant » malgré le nombre de pages, énormément de choses se passent. J’avoue que j’ai adoré le début situé à Oxford pour les raisons que je vous ai déjà données.

Lyon est différent, j’ai l’impression que Matthew y change un peu de personnalité et je ne m’attendais pas à partir dans le thème des sociétés secrètes (qui n’est honnêtement pas un thème qui me parle beaucoup). Mais on y apprend énormément sur les vampires créés par l’auteur et j’ai aimé la manière dont elle distille ces informations ainsi que la découverte des proches de ce personnage.

Madison a un côté cocon familial avec les tantes de Diana (leur relation est adorable et inattendue), la maison (qui a son caractère propre et que j’étais émerveillée de découvrir), les anciens membres de la famille avec une touche d’action, inattendue elle aussi, le développement de la magie de l’héroïne (attention juste à ne pas tomber dans ce côté du personnage qui détient tous les pouvoirs du monde ou presque).

La mythologie est extrêmement bien construite entre vampires, sorcières, démons. Les règles sont intéressantes, elles sont distillées progressivement, de manière mesurée. J’ai aimé que les camps soient d’abord bien séparés puis que cette ligne se brouille dans la troisième partie avec l’arrivée de nouveaux personnages, Miriam et Marcus. Mais les personnages en général m’ont beaucoup plu. Et faire des vampires des êtres de connaissances, intéressés par le champ scientifique, j’ai adoré ce trait.

Et il y a du voyage dans le temps ❤ Sérieusement, des vampires et du voyage dans le temps, j’avais peu de chance de résister à ce titre ❤

Je n’ai même pas trouvé la relation entre Diana et Matthew agaçante. Déjà, parce que les personnages sont attachants mais aussi parce qu’ils apprennent à se connaître. Il n’est pas question de coup de foudre comme dans une tonne de récits mais d’activités communes, de discussions, de la construction d’une relation même si j’aurais aimé que cette étape se prolonge. Puisque durant la partie consacrée à Lyon, on est plutôt dans l’aveu des sentiments mais quelque chose cloche encore, étape dont je suis moins fan. Et j’avoue que j’aurais préféré qu’ils continuent à utiliser le vouvoiement, qui faisait partie des éléments délicieusement vintage et qui leur allait très bien.

Une magnifique lecture, totalement inattendue.

Nombre de tomes parus : 3 (série finie)

L’école de la nuit

Book Notes

Les Soupirs de Londres, tome 1 : Le Manoir des Immortels

Londres, 1888.

La ville est secouée par les épouvantables crimes de Jack l’Eventreur. Dans la petite communauté vampirique locale, dirigée par le ténébreux Rodrigue, l’on se pose des questions. Le tueur serait-il l’un d’eux ?

La belle Stella, reconnue pour ses étonnants pouvoirs occultes, va être chargée de mener l’enquête auprès d’une curieuse famille bourgeoise, les Heartavy.

Finira-t-elle enfin par découvrir la terrible vérité ?

Il y a quelques années, j’avais découvert Ambre Dubois avec Absinthes et Démons, et la moindre des choses que l’on peut en dire, c’est que la rencontre s’était très mal passée. (J’avais détesté). Ce premier tome de la saga des Soupirs de Londres était déjà dans ma PAL,  j’appréhendais définitivement sa lecture et je l’ai inscrite au challenge ABC pour me motiver.

Et j’en suis définitivement ravie. C’est une excellente surprise. Sans être un coup de coeur parce qu’il y a quelques défauts, il y a quelques très bons points.

J’ai aimé en premier lieu le vampire et ses caractéristiques. Il est mystérieux, puissant, dans ce beau contexte d’Angleterre victorienne, carnassier sans être too much.

L’enquête est intéressante et prenante. J’avais envie de savoir la suite et de suivre Stella dans ses mouvements ainsi que ses dons. J’ai beaucoup aimé le fait que les vampires possèdent des capacités particulières qui sont bien choisies et exploitées de manière originale et parlante. Drake m’intrigue d’ailleurs particulièrement et j’ai hâte de le retrouver par la suite.

Parmi les quelques soucis, il faut parler des noms de personnages qui souvent manquent terriblement de naturel à mes yeux (Heartavy, par exemple). J’ai relevé aussi quelques soucis de concordance des temps qui m’ont sortie de ma lecture.

Cependant, cela a beaucoup moins affecté ma lecture que pour Absinthes et je poursuivrai cette série avec plaisir.

Nombre de tomes parus : 4 (série finie).

2 : Lire une oeuvre de SF ou Fantasy ou Fantastique (SFFF) francophone mais non française : belge.

Book Notes

Mademoiselle Christina

Elle ôta lentement un gant et le lança par-dessus la tête d’Egor, sur la table de nuit. L’odeur de violette s’était faite encore plus pénétrante. Il sentit soudain une main chaude lui caresser la joue. Tout son sang se figea, car la sensation de cette main chaude – d’une chaleur irréelle, inhumaine – était effroyable. Egor voulut hurler de terreur, mais il n’en trouva pas la force, sa voix s’éteignit dans sa gorge.  » N’aie pas peur mon amour, murmura alors Christina. Je ne te ferais rien. À toi, je ne te ferais rien. Toi, je t’aimerai uniquement … » Elle le regardait, insatiable, affamée.

J’étais persuadée d’avoir déjà lu ce livre, ou du moins un extrait dans une de mes multiples anthologies. A vérifier, mais en l’entamant j’ai eu cette impression définitive de la découverte.

Egor, un jeune peintre, a rejoint Sanda, jeune fille de bonne famille, dans son domaine familiale pour un mois. Il est amoureux de la jeune fille et espère beaucoup de ce séjour. Un professeur, M. Nazarie, se retrouve également en visite. Les deux hommes ne peuvent s’empêcher de trouver des éléments très étranges, tels que le comportement de la mère, Mme Mosco, fatiguée et comme absente sauf lorsqu’elle parle de science ou de poésie, ou de la jeune soeur de Sanda, Simina, petite fille étrange qui raconte des histoires effrayantes et semble savoir beaucoup de choses, notamment sur Mademoiselle Christina, sa tante assassinée durant la révolte paysanne de 1907.

L’atmosphère est délicieusement étrange même si elle reste classique par certains points, comme Sanda qui dépérit lentement, Simina et son comportement d’enfant un peu possédée, ce portrait de Christina, ses apparitions. Le héros est un artiste, celui qui va l’aider un homme de science.

Le schéma est plutôt traditionnel (même si le médecin est un peu idiot) mais le contexte, cette campagne roumaine dans les années 1930, pleine de mystères, de superstitions, a définitivement piqué mon intérêt.

L’écriture de Mircea Eliade contribue à cette atmosphère si bien menée, dans ses descriptions de la maison, des dépendances, des rencontres entre les personnages, comme Christina et Engor, comme dans le résumé éditeur. Par ses discours, elle m’a rappelé Clarimonde de Gautier même si on s’attache moins à elle.

En matière de vampire, elle ne dit pas son nom même si elle donne l’impression de lier cet état à celui de Sanda et l’on n’aura aucune explication à la fin. En cela, Eliade se détache du schéma traditionnel puisqu’on n’est sûr de rien et qu’il n’y a pas de Van Helsing pour leur apporter de l’aide, ce n’est que sur son impulsion qu’il vient à bout de la créature éthérée. J’ai beaucoup aimé ses apparitions mais il y a trop peu de détails sur elle et ce qu’elle peut faire pour m’y attacher véritablement.

Au final, est-ce vraiment un vampire ? Je me suis posé la question. Mais ce n’était pas un questionnement désagréable. (Juste décevant pour la groupie vampirique que je suis mais elle devrait survivre. Surtout devant la PAL aux longues dents qu’il me reste).

Cependant, avec cette belle écriture pleine de mystère et cette ambiance profondément étrange, le roman reste très plaisant à lire.