Book Notes

10 façons de bouleverser le monde

Et si Hitler avait gagné la Seconde guerre mondiale, quel serait le monde aujourd’hui ? Et si le bug de l’an 2000 s’était vraiment produit, serions-nous libres de nos faits et gestes ? Notre Histoire se joue à bien peu de choses. Dix grands noms de la science-fiction, le temps d’une nouvelle, deviennent les maîtres du monde …

Une lecture de décembre 2017 à janvier 2018 (19 jours … vraiment trop long !) que je me suis efforcé d’oublier tellement elle m’a dépité.

J’ai ressorti ce recueil à l’occasion de la présentation d’ouvrages de SF à mes 3èmes (en 2018 donc, avec ma classe de 3ème préférée), sachant que l’uchronie était peut-être un concept nébuleux pour eux, mais juste histoire d’évoquer le terme et ses possibilités.

Et au final, j’ai teeeellement bien fait de ne pas l’avoir présenté.

Le jour-là, panne d’Internet au boulot, et du coup rien à faire entre midi, j’ai été le récupérer sur l’étagère où j’avais placé tous les livres qui restaient en attendant la présentation de l’après-midi. J’ai lu la première nouvelle.

No fucking way. Je ne présente pas ça à mes loulous. C’est trop compliqué – déjà le concept d’uchronie comme je le visualise ils vont passer à côté, et le langage c’est même pas la peine (bien trop soutenu !). Bon.

Du coup, j’ai un peu continué pour moi. Mais une nouvelle à la fois. Honnêtement, je n’en ai aimé que deux, et vers la fin, et j’avais hâte de terminer. Sachant que je me méfie d’Alain Grousset depuis sa … bourde ? son passage sur le consentement à vomir dans La guerre de 14 n’a pas eu lieu (une fois encore, le consentement, c’est important bourdel).

Donc, première nouvelle, Pierre Pelot. Déjà, ça commence mal, j’ai de très très mauvais souvenirs de lui (L’été en pente douce à douze ans, ça n’était pas une bonne idée). Et rien que le paragraphe d’introduction … le point de divergence, c’est l’Arche de Noé.

Aka, de la religion.

Aka, et je refuse de m’excuser, pas de l’Histoire pour moi. Donc, pas de l’uchronie à mes yeux. Ca part donc très mal.

Même si la nouvelle en elle-même est plutôt sympathique sans cette introduction et cette appartenance au recueil. Le scriveur de fictions, why not. L’univers, sa géographie. Mais pour moi pas de l’uchronie – enfin c’est sûr que le monde est bouleversé, mais contrat pas rempli à mes yeux.

Jean-Marc Ligny prend la suite. J’ai envie de le lire depuis un certain temps donc je suis contente. C’est de la Préhistoire … heu, ok, à voir l’uchronie là-dedans. Alors, certes, y a quelque chose dans le pitch (les Cro Magnons et pas les sapiens qui se développent) mais la présentation est über compliquée. Le vocabulaire très travaillé, les paragraphes longs, les dialogues pas présentés comme tels donc perturbants … c’est vraiment très lourd, et j’ai définitivement lâché l’affaire pour les 3èmes. Pour moi, je n’en étais pas loin.

Je connais Fabrice Colin de ses Comme des fantômes : histoires tirées du feu et Bal de givre à New-Yorkavec des choses que j’aime énormément et d’autres beaucoup moins. Si le principe m’a intéressé (Cléopâtre survit aux aspics pour tuer Octave avec et créer sa propre dynastie – en mourant quelques mois plus tard apparemment), le récit se focalise sur l’esclavage qui aurait dû être aboli, et nous coupe d’une bonne partie de la découverte de cet univers uchronique, ce qui m’a un peu déçu.

Avec Michel Page, j’ai eu l’impression qu’il fallait vraiment avoir de solides notions en Histoire pour gérer ce recueil. Je ne me défends pas trop mal mais la période Henri de Navarre n’est définitivement pas dans mes cordes au quotidien, surtout dans un récit uchronique aka j’ai l’impression qu’il faut avoir de bonnes bases pour gérer l’Histoire de la fiction … donc largué tout du long parce que pas de point clairement défini. Et Corneille s’invite dans cette galère. L’auteur a la gentillesse de proposer un petit point à la toute fin de sa nouvelle, mais à ce moment j’en étais déjà à lire un texte toutes les semaines ou presque pour finir le livre, donc plus vraiment intéressé.

Une fois encore, j’adore les prémisses du texte de Johan Heliot en sachant pertinemment que je n’aimerais pas du tout son traitement. C’est sur Napoléon – pas du tout un de mes personnages historiques favoris, mais devenu empereur des Amériques. Why not … sauf que ça ne sert strictement à rien et à la fin j’ai eu clairement l’impression qu’on s’en fichait. Sans parler du côté récit militaire qui me passe agréablement par-dessus la tête (enfin même pas agréablement) et maritime (je déteste les récits maritimes – et je vous jure je ne fais pas exprès, c’pas ma faute si le recueil combine tout ça).

J’ai eu un gros sursaut d’espoir avec Laurent Genefort. C’est la première fois que je lis cet auteur. Alors quand il me parle de Brigades du Tigre, des années 30 toujours en mode 1ère Guerre mondiale, je suis toute pupilles. Marie Curie en pleine recherches a été enlevée et les Prussiens s’en mêlent, et il est question de la bombe atomique et c’est trop génial et il faut en faire un roman ❤ Rien que pour ça, le recueil n’aura pas été une perte de temps !

Xavier Mauméjean parle de Rod Serling, créateur de la Twilight Zone. Il sait comment me parler XD L’idée est vraiment originale. Les Allemands ont gagné la 2nde Guerre mondiale, mais on est aux Etats-Unis dans les studios télé. Forcément, je n’ai pu qu’être scotché. L’époque de mon mémoire sur les séries télé est peut-être loin, mais dammit c’est génial. L’auteur présente en parallèle les avancées technologiques de cet univers, en pleine guerre froide également (1963), avec des touches de rappel historiques sur l’issue de la guerre. Matheson fait même une apparition ^^ Les références, tant à la littérature de SF qu’au cinéma, sont nombreuses, et tellement cool. J’en aurais adoré un roman aussi ❤

Roland C. Wagner évoque une France coupée en deux suite à la 2nde Guerre mondiale (elle a toujours autant de succès en uchronie), et des adolescents qui se lancent en contrebande sur un coup de tête. C’est frais et rythmé, avec juste un petit regret pour un manque de contexte peut-être. Mais ça me donne très envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.

Alain Grousset entame la fermeture du recueil avec un thème que je connais bien : Tchernobyl et ses conséquences. Oui. C’est à aborder, à évoquer. Le contexte m’a plu, ainsi que la manière dont il en parle, mais le but du récit (récupérer un album de photos contaminé pour une mère mourante) me laisse dubitatif. Certes c’est beau et poétique, mais aussi vraiment dangereux et le narrateur a peur d’avoir contaminé sa petite soeur et lui-même. J’ai eu un petit côté « tout ça pour ça » aussi, parce que c’est très court.

Et on termine avec le bug de l’an 2000, avec Chris Debien. On joue avec Alice au pays des merveilles dans un univers technologique où le net est surveillé (bon déjà ça, ça m’a fait froid dans le dos même s’ils se présentent comme des Gardiens … mais bien sûr). C’est dynamique, intéressant, et j’aurais aimé le découvrir sous forme plus longue, voire visuelle.

La fin a donc été bien plus plaisante que le démarrage … mais ironiquement c’est juste à la rédaction de cet article que je m’en rends compte. Le recueil est très lourd, je trouve, difficile à comprendre pour les plus jeune et demande énormément de références extérieures pour l’analyser en classe, donc je doute de pouvoir m’en servir de cette manière. Tant pis. Mais je suis content d’avoir découvert quelques auteurs que je ne connaissais pas et m’être régalé de récits d’autres que j’apprécie déjà.

C’est dommage, parce que j’avais complètement oublié les jolies surprises de fin de ce recueil. Il ne m’est resté de souvenirs que l’ennui, le vocabulaire lourd, le trop plein d’informations – on peut lire de uchronie sans avoir besoin d’un doctorat en Histoire … un livre que, au final, je ne regrette pas plus que ça.

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2 commentaires sur “10 façons de bouleverser le monde

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